Crêt de la Goutte

La vallée de Bellagarde-en-Valserine

Samedi 27 Juillet
07h15. Comme prévu nous nous retrouvons à la gare de Thonon-les-Bains pour prendre le train pour Bellegarde-en-Valserine où commence notre randonnée. Arrivés à l’heure nous finissons de nous préparer et nous voilà partis à l’assaut de ce sommet. Le début est relativement plat mais rapidement nous passons dans une forte pente dans la forêt qui nous fait ressortir sur l’alpage de Pré Seigneur. Nous respectons une courte halte où nous en profitons pour nous ravitailler et boire. Sans tarder nous attaquons la rude montée du « Chemin aux vaches », également en forêt, qui nous conduit à « Sorgia d’en bas » et nous débouchons sur l’alpage que nous remonterons sous un beau soleil. Profitant de l’ombre d’un bosquet d’arbres nous effectuons une deuxième halte ravitaillement. Arrivés à « Sorgia d’en Haut » nous rencontrons la première goya.

Disséminés sur les alpages, les goyas des mares artificielles de 1 à 1,5 m de profondeur provenant de l’étanchéification d’une doline par un apport d’argiles. Conçus par l’homme afin de palier à l’absence d’eau de surface, les goyas récupèrent l’eau issue de la fonte des neiges et des chutes de pluie en empêchant son infiltration dans le réseau karstique.

Nous continuons notre progression pour arriver à notre but le Crêt de la Goutte. Nous pique-niquons et prenons le temps d’admirer la vue sur le pays de Gex, le Salève, le Mont Blanc sans oublier la Dent d’Oche. Avant d’entamer la descente un peu de repos fait du bien. Nous repartons et nous allons voir la « Pierre à fromage ».

Cette pierre est le vestige du muret de protection de l’ancien goya, qui empêchait au bétail d’aller polluer l’eau. Plusieurs hypothèses sont émises pour justifier le nom de cette étrange pierre. Alors que certains supposent que c’était le lieu où les seigneurs des environs payaient des impôts constitués d’une partie de la production de fromages fabriqués pendant l’été, d’autres pensent que cette pierre servait de reposoir pendant le transport des fromages à dos d’hommes.

Nous finissons tranquillement notre randonnée pour arriver à Menthières où nous retrouvons notre gite pour la nuit. Notre hôtesse nous sert pour le dîner une raclette et nous finissons notre soirée par une partie de dé canadien.

Dimanche 28 Juillet
Après une bonne nuit et un bon petit déjeuner nous nous remettons en route.
Nous devons rejoindre Bellegarde-en-Valserine pour prendre notre train et rentrer sur Thonon-les-Bains. Après une rude descente vers Confort nous nous réconfortons par un bon café avant de descendre vers les gorges de la Valserine, en suivant l’ancienne voie du tram qui reliait Bellegarde à Chezery.

Exploitée par la « Compagnie du chemin de Fer d’intérêt local de Bellegarde à Chézery » (CFBC) et mise en service le 23 Mars 1912 pour désenclaver la vallée de la Valserine elle ferme en 1937 du fait de la concurrence du transport routier. Les travaux ont commencé en 1907 mais les chantiers se sont étalés sur plusieurs années notamment en raison de la construction de grands viaducs franchissant la vallée encaissée de la Valserine. Outre les voyageurs, le tramway sert également au transport des marchandises. Selon les horaires du Chaix de mai 1914, la ligne est parcourue par quatre convois par jour dans chaque sens, deux dans la matinée et deux dans l’après-midi. Il leur faut environ une heure et quarante minutes pour parcourir les 20 km de la ligne. Les horaires des convois excluent toute possibilité de croisement de rames sur cette ligne à voie unique même si des évitements sont aménagés à cet effet.

Nous la quittons pour nous diriger vers le pont de Confort et nous nous dirigeons vers le pont de Coz qui va nous permettre de franchir la Semine, rejoindre la confluence de la Semine et de la Valserine et de remonter le long de sa rive droite et nous suivons de plus ou moins loin la Valserine vers l’ancienne usine hydroélectrique du Métral afin de rejoindre la gare SNCF.

Nous ne manquons pas de pousser jusqu’aux « Pertes de la Valserine » où les eaux de la rivière disparaissent dans un gouffre sans fond, pour réapparaître au-delà d’un labyrinthe de canyons calcaires.
La Valserine a contribué au développement industriel et commercial de Bellegarde, elle fut aussi frontière à de multiples reprises : entre la France et la Savoie (1601-1760), puis zone franche (1815-1923) et ligne de démarcation pendant la seconde guerre mondiale (zone libre située rive droite).
Elle est, également, la 1ère rivière française à avoir reçu le label « Rivières Sauvages ». Elle offre la garantie de sa grande pureté. Les truites y frayent leur passage et des réserves les protègent à certains endroits.
Au barrage du Métral la progression le long de la rivière est interdite du fait de l’effondrement de passerelles. Nous rejoignons la gare en empruntant le chemin du tram.
Nous sommes dans les temps et nous prenons, à l’heure prévue, le train pour rejoindre Thon-les-Bains.
En conclusion une très belle randonnée dans le Jura.