De Briare à Briare

4 jours pour nous préparer à notre randonnée vélo avec Martine et Hervé qui nous fera longer les voies d’eau entre Laroche Migennes et Nancy. Pour cette préparation nous avons décidé de faire le triangle Briare – Orléans – Montargis – Briare en quatre étapes. Pour ce long ce long week-end la météo prévoit le beau temps avec un généreux soleil/

Mercredi 28 MaiBriareAuberge du Pont du Canal
Jeudi 29 MaiBriareSaint-Denis-sur-LoireHôtel le Dauphin73 km
Vendredi 30 MaiSaint Denis-sur-LoireCombreuxLa Croix Blanche50 km
Samedi 1 JuinCombreuxMontargis52 km
Dimanche 2 JuinMontargis Briare58 km
Coucher de soleil sur Briare
Mercredi 28 Mai – Briare

Pour ne pas avoir à se lever trop tôt le jeudi nous avons pris l’option de rejoindre la veille Briare et de dormir à l’auberge du Pont du Canal qui est située sur la rive gauche de la Loire juste à l’entrée du Pont Canal. La première étape qui nous attend est la plus longue de notre randonnée et nous décidons de ne pas traîner le matin donc acte. Le réveil est prévu à 7h00 pour un départ au plus tard à 08h30. Avant d’aller nous coucher nous effectuons une dernière inspection de nos vélos (batterie – gonflage et fonctionnement général)

La ville de Briare est connue pour son pont canal qui fait partie du canal latérale à la Loire. Avant sa construction, pour franchir la Loire, le trafic fluvial empruntait le passage en Loire de Mantelot. Il permettait aux bateaux venant du Sud et allant vers Paris ou l’inverse de passer de l’ancien canal latéral à la Loire à l’ancien canal de Briare par la Loire.
Cette traversée, soumise aux aléas du débit du fleuve, était dangereuse motivant la construction du pont-canal.
Le projet fut déclaré d’utilité publique par le Journal Officiel en 1889. Sa construction commença en 1890 et se termina en 1896. Il est de type Pont à Poutre. Sa longueur est 662 m, sa cuvette est en acier et ses piles en maçonnerie. Georges Eiffel a été chargée de réaliser les piles et la cuvette a été fabriquée par l’entreprise Daydé et Pillé.
La voie d’eau est bordée de deux trottoirs et d’une rangée de lampadaires. Son abord est marqué de chaque côté de deux colonnes rostrales ornementées, l’ensemble évoquant le pont Alexandre-III à Paris.Les éléments de décor tels que les huit rostres (deux par colonne), les chimères et les lampadaires sortent des fonderies Magnard et compagnie de Fourchambault et des fonderies de L. Gasne, à Tusey dans la Meuse.

Pour emprunter le pont-canal, le canal latéral à la Loire fut enrichi d’un nouveau tronçon de près de 14 km de long entre l’amont de son écluse de l’Étang (no 39) et l’amont de celle de la Cognardière où il se connecte avec le canal de Briare à une distance de 3 kilomètres de la Loire. Il est l’œuvre de l’ingénieur-en-chef Léonce-Abel Mazoyer (1846-1910).
En plus de la Loire, l’ouvrage franchit aussi le « vieux » canal latéral à la Loire de 1838 juste avant d’entrer dans Briare.

Jeudi 29 Mai _ Briare – Saint-Denis-sur-Loire

Cette étape est la plus longue de notre virée. Après une bonne nuit nous voilà parti pour 73 kilomètres. Notre parcours prévoit que nous commencions par progresser sur la rive gauche de la Loire donc de passer sur le pont canal pour récupérer la piste cyclable qui nous permet de rouler à l’ombre d’une belle frondaison jusqu’à Saint-Brisson-sur-Loire. A partir de Gien nous pédalons sur la levée de la Loire que nous quitterons parfois. Le chemin que nous suivons jusqu’à Saint-Denis-de-l’Hôtel est le tracé de l’EuroVélo3 qui relie Cologne à Saint-Jean-Pied-de-Port.
Avant d’arriver à Sully-sur-Loire nous doublons ou sommes doublés par des passionnés de vélocipèdes Sully-sur-Loire nous passons par le centre ville pour trouver une boulangerie où nous ravitaillez. Nous profitons du beau temps pour pique-niquer au bord de la Loire.
Nous rejoignons l’hôtel le Dauphin qui est notre hébergement pour la nuit.

Vendredi 30 Mai – Saint-Denis-sur-Loire – Combreux

La Loire depuis l’écluse Saint-Patache à Combleux

Nous allons prendre la véloroute du canal d’Orléans qui vient d’être totalement terminée. Elle longe le canal qui relie la Loire au canal du Loing et de Briare durant ses 78,65 km. Il assure ainsi la continuité par voie d’eau entre Orléans et Paris vers le nord et Briare et les canaux du Centre vers le sud. Il a été déclassé en 1954. Ce canal est à bief de partage, appelé également bief d’alimentation. Le versant Loire a une longueur de 31,81 km et le versant Seine de 27,910 km. Le bief de partage a une longueur de 18,930 km. Le dénivelé du côté Loire est de 95 m et du côté Seine de 41 m.

Durant son exploitation commerciale une dissymétrie dans le trafic a été constatée. Le nombre de bateaux venant de la basse-Loire (1 500) etait environ trois fois plus important que celui en provenance de la Seine (500). Ceci s’explique par le fait que de nombreux bateaux sont « déchirés » à leur arrivée dans la capitale, c’est-à-dire détruits. Le trafic étant moindre dans le sens Paris – Orléans déchirer le bateau revenait moins cher. Le trafic marchandise annuel au XVIII siècle est estimé à 1500 bateaux soit 80 000 tonnes.

Pour faire face à la baisse de fréquentation des bateaux marchands à la fin du 19ème, plusieurs initiatives sont prises telle la loi Freycinet de 1879 agrandissant les écluses ce qui a pour conséquence pour le canal d’Orléans d’augmenter le besoin en eau. Pour faire face à cette situation les ingénieurs imaginent une alimentation artificielle. C’est ainsi que naît l’usine élévatoire de la Fay-aux-Loges. Elle fonctionne à la vapeur et fournit de l’électricité à 11 sous-stations de pompage installées à chaque écluse du versant Loire. Puisée dans la Loire à Combleux, cette eau est élevée de bief en bief jusqu’au bief de partage.

Après une bonne nuit et un bon petit déjeuner à l’hôtel le Dauphin nous reprenons notre randonnée pour nous diriger vers Combreux. A Cécy nous nous arrêtons pour visiter l’église et faire une halte café crème. J’ai fait le tracé à partir d’une trace GPX existante que je n’ai pas vérifiée : en fait je vais très vite m’apercevoir que cette trace nous fait passer par la campagne entre Commbleux et Donnery. En suivant les indications du GPS nous commençons par nous diriger vers Orléans. Cette erreur nous permet de voir l’écluse de Patache qui est celle qui permettait d’accéder au canal depuis la Loire. A la sortie de cette écluse il existait une forme de radoub : bassin qui permet de mettre un bateau à sec pour son entretien.
Après Combleux je m’aperçois très vite que nous n’allons plus suivre le canal donc demi-tour pour revenir sur nos pas pour reprendre la véloroute le long du canal à partir de Cecy. Tout au long de cette journée de vélo nous allons pédaler dans un paysage bucolique sur lequel la main de l’homme est peu intervenue. Nous passons l’écluse de Combreux – point d’entrée du bief de partage pour arriver à notre destination l’Auberge de la Croix Blanche.
Après avoir pris une douche et une bière nous décidons d’explorer les environs. Nous descendons jusqu’à la base de loisir de l’étang de la Vallée, faisons un tour dans la forêt et revenons vers le village pour aller voir le château qui appartient à Alexandre, actuel duc d’Etissac, de la Rochefoucauld.

Samedi 31 Mai – Combreux – Montargis

Nous avons passé la nuit dans une belle auberge malheureusement peu entretenue.
Après l’habituel petit déjeuner nous voilà de nouveau sur nos vélos direction Montargis. Au menu pour commencer le très long bief de partage du canal – longueur 18,930 km. Ce bief reçoit la rigole de Courpalet dont la confluence se trouve 200 m en amont de l’écluse du Point de Partage qui est chargé d’alimenter en eau le canal.
Les longs kilomètres du bief arrivent à leur fin et l’arrivée sur la descente du versant Seine commence par une succession de deux écluses distantes de cent mètres qui nous amène au village de Grignon.
Grignon, avec ses 3 anciennes écluses et leur maison éclusière, fut autrefois un port actif et le centre du commerce des bois de la forêt d’Orléans. La Forêt d’Orléans était une importante ressource de bois d’œuvre ou de chauffage qu’il fallait acheminer vers Paris en perpétuelle croissance. Il était donc devenu nécessaire, dans un premier temps, de relier la forêt à la Seine par un canal et, dans un second temps, il sera prolongé vers Orléans. Une des maisons éclusières a, sur son toit, un anémomètre et un pluviomètre qui permettait aux ingénieurs chargés de l’exploitation du canal d’agir sur le niveau d’eau du canal.
Nous effectuons une halte apaisante dans l’ancienne maison éclusière de l’écluse du milieu « le Relais des Trois Ecluses » devenue lieu d’insertion professionnelle, il allie une action sociale à une offre de services diversifiée. Après ce court repos nous reprenons nos vélos et notre parcours pour rejoindre Montargis.

Le canal d’Orléans se termine au bief de Buge, confluence des canaaux du Loing et de Briare.
Montargis est également appelé la Petite Venise du Gatinais, surnom qu’elle doit à son réseau hydrographique particulièrement développé et ses 131 ponts et passerelles. Elle est traversée du Nord au Sud par le canal de Briare, le Loing, le Vernisson et le Puiseaux qui confluent avant de se jeter dans le canal de Briare.

Nous rejoignons notre hôtel. Après un bref temps de repos nous décidons de visiter Montargis. Nous découvrons un pan de l’histoire de cette ville qui est surprenante.
Entre 1912 et 1927 le mouvement Travail-Etudes aide de jeunes chinois à venir étudier en France. Son fondateur, Li Shizeng, philanthrope et admirateur de la culture française, avait étudié à l’école du Chessoy. Le but est de permettre de financer les études en les employant dans les usines. Li est convaincu qu’il faut s’inspirer des modèles occidentaux pour développer la Chine. Li Shizeng, ami de Sun Yat-sen, alors président de la jeune République chinoise, est convaincu qu’il faut s’inspirer des modèles occidentaux pour développer la Chine.
Parmi les étudiants venus étudiés à Montargis se trouve Deng Xiaoping. Parti de Shanghaï en direction de Marseille. il embarque le 27 août 1920 à bord de l’André Lebon, muni d’une recommandation du consul de France, Albert Bodard. Il atteint les côtes française le 20 octobre. Âgé de seize ans, c’est le plus jeune étudiant.
En février 1922, Deng Xiaoping est embauché à l’usine Hutchinson, à Châlette-sur-Loing, sous le nom de « Teng Hi Hien ». On y fabrique des galoches. On peut encore voir aujourd’hui l’atelier de l’usine où il travailla. Il loge dans une grange à proximité de l’usine.
Il ne fera que deux séjours à l’usine de Hutchinson, du 14 février au 17 octobre 1922 et du 2 février au 7 mars 1923. Renvoyé, on peut lire ce commentaire sur sa fiche d’embauche : « A refusé de travailler, ne pas reprendre ». Dans ce contexte ouvrier, il découvre le marxisme, alors pratiquement inconnu en Chine car les ouvrages de Marx n’y sont pas encore traduits. Il devient bientôt militant communiste et un virulent opposant au capitalisme.
Il rejoint le parti communiste chinois et devient l’un des dirigeants les plus importants de la Chine à l’époque de Mao Zedong. Il a joué un rôle important dans la « Campagne anti-droitiste » et la reconstruction économique après le « Grand Bond en avant ». Cependant, il a été purgé deux fois par Mao pendant la révolution culturelle.
Après le règne de Mao Deng Xiaoping devient le leader de la Chine en décembre 1978

Dimanche 1 MaiMontargis – Briare
Le canal de Briare

Le canal de Briare permet de relier le versant Seine au versant Loire. Il est le premier en France à être « à bief de partage ». Il est long de 58 kilomètres pour 38 écluses. Il longe principalement les cours d’eau du Loing côté Seine et du Trézé côté Sud. Il a été commandé par Sully pour développer le commerce entre les provinces et pour réduire les disettes afin de ramener la paix dans le Royaume. Sa construction débuta en 1605 et achevé en 1642. En 1720 le canal Neuf prolongea le canal de Briare de Montargis à Buges pour se connecter aux canaux du Loing et d’Orléans. Pour rattraper un dénivelé de 24 m sept écluses jointives sont construites à Rogny-les-Sept-Ecluses.
A la suite de nombreux travaux et modifications de parcours le canal de Briare est, aujourd’hui, au gabarit Freycinet de sa jonction avec le canal latérale à la Loire à Buges.

Nous effectuons un magnifique parcours notamment au niveau de Rogny-les-Septe-Ecluses où le véloroute suit l’ancien bief. Arrivés à Briare nous récupérons la voiture et avant de quitter cette ville nous visitons l’église Saint-Étienne qui a de magnifiques motifs en mosaïque tant extérieurs qu’intérieurs.

A gauche vers le canal latéral à la Loire. A droite vers le port de Briare et l’ancien canal